Le madère de Georges Courteline
Saynète, écrite en 1922, publiée dans les Lieds de Montmartre , Les Linottes et dans la Philosophie de Courteline.
Distribution : 2 femmes
Texte à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre.
L’argument
Dialogue épicé entre Chichinette la maîtresse de maison et Eponine, sa bonne : la bouteille de Madère est vide, alors que la veille il en restait un tiers.
Lien audio
Lien vers l’enregistrement audio réalisé par le site courteline.org
Un extrait
Chichinette.
Il n’y a pas de « Ah ? ». Il en restait au moins un tiers de la bouteille.
Éponine.
En bois ! Deux travers de doigt, oui ; de quoi remplir un petit cocotier.
Chichinette.
En supposant. Et alors ?
Éponine.
Alors, je l’ai fini.
Chichinette.
Comme ça se trouve !
Éponine.
Oh ! ce que j’en ai fait, c’est par pure précaution. Je craignais qu’il aurait tourné. Le temps est tellement à l’orage…
Chichinette.
Ah ! ça va bien ; t’en as de gaies !… À cette heure, voilà le madère qui tourne comme du fromage blanc, quand il y a de l’orage dans l’air ? (Éponine veut placer un mot) Mais ferme donc ton garde-manger ; les mouches pourraient entrer dedans.
Éponine.
Je…
Chichinette.
Ça y est ! Les v’là qui rappliquent ! Oh ! les sales bêtes, elles ont du poil aux pattes ! (Changeant de ton) Tu te payes ma physionomie, je pense. Certes, je peux le dire à voix haute: au cours de ma longue carrière, j’ai vu des gens avoir le madère à la bonne, mais pas dans ces proportions-là. Et puis, quand tu auras fini de me dévisager dans le blanc de l’œil ? Tu vas rester comme ça jusqu’à la Saint-Glinglin, avec une bouche en jeu de tonneau ? Il ne te manquerait que ça pour être belle.