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Les dernières recommandations de Libre Théâtre

33 voix, 3 voyages... et une révélationEn cette veille de Fête nationale, nous avons assisté hier au premier des trois concerts exceptionnels proposés au Petit Louvre par trois jeunes chanteuses à la personnalité et au style très affirmés.Le parcours artistique de Devon Graves et Laura Woody, d’origine américaine, est déjà long et varié. Dotées d’une solide formation musicale, elles ont chacune collaboré à des projets importants et jouissent dès à présent d’une certaine reconnaissance auprès du public français. Entre jazz, pop, folk et comédie musicale, elles nous ont livré une performance d’une extrême précision, basée sur de solides compositions originales, exécutées avec passion et humour.La révélation de la soirée restera cependant la prestation de la plus jeune, et la plus française, de ces trois grâces, Nina Forte, chantant principalement dans notre langue, mais aussi en anglais et même en portugais. Musicienne accomplie malgré son jeune âge, elle nous a offert quelques-unes de ses premières compositions, aux paroles ciselées, souvent écrites en famille avec Sophie Forte, sa mère, avec laquelle elle entretient à l’évidence une grande complicité.Une proposition étonnante et détonante, qui ravira les amateurs de chansons à texte. Mais aussi une personnalité très attachante, cultivant, tant dans sa gestuelle d’interprétation que dans sa manière d’être, un style de fausse débutante faussement ingénue. Nina est capable, dans ses chansons comme dans ses adresses au public, de dire des horreurs sur un ton enfantin. Et c’est ce qui fait tout son charme. On en redemande !Bon sang ne saurait mentir. Ce petit bout de femme a déjà tout d’une grande, et nous lui prédisons un bel avenir. Nous lui souhaitons en tout cas un beau voyage à la découverte de l’univers musical très original qu’elle porte déjà en elle.Il vous reste encore deux dates pour découvrir à Avignon ces trois artistes d’exception.Un coup de cœur de Libre Théâtre.Critique de Jean-Pierre Martinez14 juillet 2025

Gagnant gagnant : bienvenue à la pire convention d'entreprise. Sans problèmes techniques (et sans problèmes tout court), une convention d'entreprise ne serait pas tout à fait une convention d'entreprise. Telle est la devise de ce spectacle jubilatoire. Se jouant des travers et des outrances de "l'esprit d'entreprise" lorsqu'il est poussé jusqu'à la caricature, comme c'est le cas dans ces grand-messes aux allures sectaires que sont les conventions d'entreprise, ces cinq comédiens drôlissimes nous entraînent dans un tourbillon de gags, de bons mots et de situations désopilantes. Un spectacle qui nous rappelle, comme une mise en abyme, qu'une entreprise est aussi un théâtre... et qu'une compagnie de théâtre est aussi une petite entreprise. Coup de chapeau tout particulier à Gilles Dyrek, auteur, metteur en scène et acteur principal de ce spectacle, dans lequel il fait à nouveau la preuve de sa belle inventivité et de son talent burlesque. Un coup de cœur de Libre Théâtre.

Loin d'être seulement (et c'est déjà beaucoup) cet écrivain régionaliste qui a enchanté notre enfance, et ce dramaturge de génie qui a si bien su mettre en scène la Provence, Marcel Pagnol est aussi un merveilleux cinéaste. Le Schpountz est d'ailleurs au départ un film écrit et réalisé par Pagnol juste avant-guerre, avec pour vedette principale l'inoubliable Fernandel. Arthur Cachia et Delphine Depardieu nous en proposent une version théâtrale très réussie, servie par une distribution étincelante. Inspirée d'une anecdote réelle survenue lors du tournage d'un précédent film de Pagnol, Le Schpountz est un hommage à tous ceux qui, comme disent les chansons, auraient « voulu être un artiste », et se voyaient déjà en haut de l'affiche. Un éloge de tous ces ratés magnifiques qui ont au moins le mérite de ne pas abandonner leurs rêves d'enfant. Cette comédie est aussi un plaidoyer pour le comique, trop souvent décrié aujourd'hui par l'institution théâtrale. Comme le rappelle pourtant cette pièce à la fois drôle et touchante, le rire est le propre de l'homme, et le vrai comique est souvent teinté de tragédie et d'émotion. On saluera tout particulièrement dans le rôle-titre la prestation d'Arthur Cachia, que nous avions déjà eu le bonheur d'applaudir dans Naïs. Merci à lui de faire vivre le théâtre de Pagnol et de le servir avec autant de fidélité et de passion. Un coup de cœur de Libre Théâtre.

Au cœur du Festival d’Avignon, le lieu intimiste et chaleureux du Délirium accueillait hier un concert d’exception.Depuis la disparition d’Anne Sylvestre, on mesure plus que jamais l'importance de ses chansons dans la construction de générations de femmes et d’hommes nourris aux idéaux féministes et humanistes.Le spectacle Des Sorcières comme les autres réunit cinq autrices, compositrices et interprètes de talent, Garance, Lily Luca, Louise O’sman, Nawel Dombrowsky et Yoanna, autour du répertoire de cette grande figure de la chanson française. Sur scène, ces jeunes artistes, aux personnalités singulières entremêlent, avec une joyeuse énergie, les titres emblématiques d’Anne Sylvestre avec leurs propres compositions. Les combats portés par la chanteuse résonnent aujourd’hui avec une acuité toujours brûlante. La sororité prend corps, s’incarne, se chante et se transmet, sur scène comme dans la salle.Un moment de grâce, de mémoire et de lutte partagée, à ne pas manquer.Prochaine représentation : le 23 juillet à 21h30, à l’Arrache-Cœur (Avignon).

Mireille est pour tous les Provençaux, de naissance ou de cœur, bien plus qu’un poème : c'est une œuvre emblématique et un chant d’amour à la terre provençale. À travers le destin tragique de Mireille et Vincent, Mistral parvient à saisir avec une rare justesse l’âme profonde de son pays, et donne vie aux paysages dans toute leur diversité, de Vallabrègues aux Saintes-Maries-de-la-Mer, en passant par les Alpilles et la Crau. Avec Mirèio, un rêve de Mistral, Gérard Gélas propose une interprétation fidèle du poème épique, en mettant en scène l’auteur lui-même, incarné magistralement par Nicolas Dromard. Mistral devient ici le narrateur de son œuvre, et sous ses yeux, comme sous les nôtres, s'animent les figures de cette tragédie. La mise en scène épurée, accompagnée par la musique discrète de Philip Glass, laisse toute sa place à la force du verbe mistralien et à l’émotion brute qui s’en dégage, pour atteindre l’universel. Un spectacle à ne pas manquer, pour redécouvrir ce chef-d’œuvre absolu, fondateur de l'identité provençale.

Actualité du répertoire de Jean-Pierre Martinez

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