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L’Opéra Grand Avignon a une nouvelle fois attiré un public nombreux et conquis lors du Midi à l’Opéra ! de ce vendredi 16 mai. Runpu Wang, soprano et artiste du Chœur de l’Opéra Grand Avignon, accompagnée au piano par le chef de chœur Alan Woodbridge, proposait un programme original autour d’histoires de femmes, nous entraînant des paysages du Sud de la Chine jusqu’au Paris de Francis Poulenc, en passant par l’Auvergne de Joseph Canteloube. Ce voyage musical, illustré par des projections d’aquarelles réalisées par Runpu Wang elle-même, a révélé les multiples nuances de sa voix expressive de soprano. Très élégante dans l'interprétation exigeante d'un extrait de Don Giovanni, Runpu Wang sait aussi se montrer pétillante et espiègle dans J'ai deux amants, un air issu de l’opérette L'Amour masqué de Sacha Guitry et André Messager. Ce concert a également permis de découvrir une autre facette du chef Alan Woodbridge, qui a interprété avec sensibilité les Deux Arabesques de Debussy. Son approche mélodique, marquée par une grande fluidité de la ligne musicale, a offert une lecture personnelle et vivante de ces pièces impressionnistes.
Marius de Marcel Pagnol par la Compagnie Biagini
C'est une salle bondée qui à L'Étoile de Châteaurenard a applaudi debout à la fois l'œuvre de Marcel Pagnol, la belle mise en scène de Frédéric Achard et la remarquable prestation de l'ensemble des comédiens. Sans prétendre nous faire oublier la distribution légendaire de la pièce lors de sa création, immortalisée par le film, mais sans la pasticher non plus, la Compagnie Biagini a pendant plus de deux heures régalé le public de l'Étoile en servant avec brio ce monument de la culture provençale et ce chef d'œuvre du théâtre français.
La Bohème de Puccini à l’Opéra Grand Avignon
C’est une Bohème à la fois sobre et émouvante que nous propose Frédéric Roels à l’Opéra Grand Avignon, reprenant la production qu’il avait conçue en 2019 avec la regrettée Claire Servais, aujourd’hui disparue. Ces trois représentations lui sont dédiées. Dans cet opéra de Puccini où l’on retient souvent la dimension tragique, le metteur en scène réussit à mettre en lumière les touches d’humour présentes dans le livret, accentuant par contraste la puissance dramatique du dénouement. Débarrassée de tout artifice spectaculaire, la scène symbolise la misère qui caractérise la vie des artistes. Dans ce décor minimaliste, où les costumes rappellent cependant le contexte historique, le jeu des chanteurs prend toute sa place et offre un regard plus direct sur l’essence du récit. Les solistes sont dirigés avec justesse et brillent par leur engagement vocal et dramatique. Gabrielle Philiponet incarne une Mimì bouleversante, sa voix chaude et expressive donnant une intensité particulière à Mi chiamano Mimì et à l'ultime Sono andati? qui arrache les larmes à une audience conquise. Diego Godoy, en Rodolfo, charme par la clarté de son timbre et par sa puissance dans le célèbre Che gelida manina. Charlotte Bonnet illumine le rôle de Musetta, notamment dans Quando m’en vo’, où elle se montre à la fois piquante et rayonnante. Aux côtés de Diego Godoy, Geoffroy Salvas (Marcello), Mikhael Piccone (Schaunard) et Dmitrii Grigorev (Colline) incarnent avec talent les artistes bohèmes, formant un quatuor parfaitement équilibré. Le Chœur de l’Opéra Grand Avignon et la Maîtrise donnent une belle ampleur aux scènes de foule. Malgré l’étroitesse du plateau, la chorégraphie des mouvements de foule est fluide et parfaitement maîtrisée, apportant une dynamique scénique lors des scènes de rue. L’Orchestre national Avignon-Provence, sous la direction inspirée de Federico Santi, déploie une richesse de nuances qui souligne les contrastes entre comédie et tragédie. Une mise en scène intelligente et sensible, qui apporte un regard renouvelé sur cette histoire d'amour intemporelle.
L’âme-son à la Scala Provence
Si la musique baroque suscite un vif intérêt depuis de nombreuses années, le répertoire de la guitare baroque à cinq cordes demeure méconnu. Le guitariste Bruno Helstroffer nous invite à découvrir l’œuvre d’Henry Grenerin, musicien du Roi dès 1641. À travers un récit fantasmé mêlant la figure d’Henry Grenerin et l’histoire, entre ombres et lumières, du Roi-Soleil, il insuffle une nouvelle vie à cette musique injustement oubliée, dans une mise en espace poétique portée par le mime Stefano Amori. Un instant suspendu, empreint de grâce et propice à la rêverie.
La compagnie Les Pieds Nus propose une version adaptée et « modernisée » du Bourgeois Gentilhomme de Molière. C’est avec quelque appréhension que nous allions voir ce spectacle, car pourquoi revisiter cette pièce dont le message malgré les siècles reste d’une actualité brûlante : l’obsession des apparences et du statut social mène à l’aveuglement et à la manipulation. Nos craintes furent vite dissipées par la cohérence de la mise en scène de Bastien Ossart, qui incarne aussi également Monsieur Jourdain, et la virtuosité de l’ensemble des interprètes. Légèrement resserrée, la pièce de Molière est interprétée suivant les codes exigeants du théâtre baroque : une déclamation emphatique, une diction claire et rythmée soulignant la musicalité du texte et une gestuelle proche de la pantomime, sans oublier la mise en abyme et la rupture du quatrième mur. Ainsi les scènes originales sont commentées lors d’intermèdes burlesques qui éclairent les enjeux de l’intrigue, facilitant ainsi la compréhension des plus jeunes spectateurs. Les costumes, et singulièrement les chapeaux et coiffes, sont à la fois spectaculaires, colorés et délirants, évoquant l’univers fantasmagorique de Tim Burton. L’ensemble respecte à merveille l’esprit des comédies de Molière où texte, danse et chant s’entrelacent dans un rythme échevelé, déclenchant de nombreux éclats de rire. Un spectacle tout public, drôle, intelligent et surprenant, à ne pas manquer.