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La quête des origines est un sujet inépuisable dans la littérature en général et au théâtre en particulier. Avec cet étonnant seul en scène, Kelly Rivière (alias Kelly Ruisseau) nous emmène avec elle dans la quête de ses racines irlandaises, à la recherche de son grand-père, exilé en Angleterre avant de disparaître complètement, sans que sa famille sache vraiment s'il est mort ou encore vivant. Cette enquête existentielle prend la forme d'un road-movie familial et drolatique, mettant en scène une galerie de personnages hauts en couleur, s'exprimant tantôt en français et tantôt en anglais. Kelly Rivière nous offre avec ce spectacle inspiré de sa vie une performance scénique exceptionnelle, aux allures d'introspection psychanalytique, mêlant émotion et humour. Bien entendu, cette quête de la vérité posera plus de questions qu'elle n'apportera de réponses. Mais comme chacun le sait, le voyage est toujours plus important que la destination. "Une histoire irlandaise" qui nous prouve qu'en effet, les petits ruisseaux font les grandes rivières...

America de Martin Harriague

Martin Harriague s'est emparé de ce motif mythique du rêve ou du cauchemar américain, non pas pour le caricaturer car tout leader populiste est déjà une caricature de lui-même, mais pour en extraire les structures, les mouvements et les rythmes sous-jacents, afin de démonter la mécanique hypnotique de Ia redoutable machine médiatique qui a conduit à la réélection de Donald Trump. Il en résulte une œuvre chorégraphique étonnante qui, loin d'être un plaidoyer ou un réquisitoire, souligne le pouvoir fascinant de la rhétorique de l'outrance, arme de ceux qui prétendent apporter une réponse simple à la complexité des problèmes du monde. Porté par l'enthousiasme et le talent des jeunes artistes du Ballet de l'Opéra Grand Avignon, et empruntant à l'iconographie et à la discographie éternelle de l'Amérique, America nous interroge sur le processus qui a conduit un homme seul, par un discours incantatoire, à plonger tout un pays dans une transe primitive pour le conduire, tel un joueur de flûte, au bord du précipice. Oui, hélas, tout totalitarisme comporte aussi une facette esthétique voire ludique qui peut fasciner. Et c'est aussi le propos, en forme de mise en garde, de cette œuvre exceptionnelle, avec laquelle Martin Harriague, qui vient d'être nommé directeur du Ballet de l'Opéra Grand Avignon, ouvre cette saison chorégraphique qui promet d'être magnifique.

Inspiré du roman La Dame aux camélias d'Alexandre Dumas fils, l'opéra La Traviata est un chef-d'œuvre intemporel. La fascination qu'il suscite réside dans le talent de Verdi à traduire en musique toute la complexité et l'humanité de personnages confrontés aux diktats d’une société conservatrice. L'interprétation de La Traviata proposée à l'Opéra Grand Avignon pour l'ouverture de la saison intulée « Femmes ! », s'inscrit d'ores et déjà parmi ces moments d'exception qui marquent les esprits et demeurent gravés dans les mémoires.

Poursuivant leur réflexion sur l'Art Brut, Gustavo Giacosa et son compagnon de route et accompagnateur Fausto Ferraiuolo, nous proposent un spectacle en forme d'hommage au très singulier destin de Melina Riccio, artiste hors norme au sens propre du terme. D'abord styliste, mariée et mère de famille, Melina Riccio, après une révélation, finira par tout abandonner afin de tenter de sauver le monde à sa façon, en un parcours à la fois christique, politique et artistique d'une extrême radicalité qui, après d’innombrables condamnations, la conduira à plusieurs reprises à l'internement en psychiatrie.

Lieu de spectacle, de création et de formation déjà profondément ancré dans le paysage culturel avignonnais et plus largement provençal, La Scala Provence nous proposait hier Les gros patinent bien, primé aux Molières 2022 en tant que meilleur spectacle de théâtre public. Avec ce titre énigmatique, Pierre Guillois et Olivier Martin-Salvan nous proposent un duo burlesque, hommage à la grande tradition de l’humour anglo-saxon, mais qui en est aussi une irrésistible parodie. S’il y a un message derrière cette avalanche de gags et de trouvailles en tous genres, c’est qu’on peut faire un grand spectacle avec des bouts de ficelles et de cartons… et en faire un véritable carton auprès du public. À condition bien sûr que ce spectacle soit porté par des artistes de talent, avec un engagement total. La performance repose entre autres sur le fait que le récit de cette histoire absurde est porté d’un côté par des pancartes à la manière de celles des films muets, et de l’autre par un hilarant monologue dans une langue inventée n’ayant de l’anglais que la sonorité. Un pur divertissement qui fait du bien en ces temps moroses.

Actualité du répertoire de Jean-Pierre Martinez

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