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Inspiré du roman La Dame aux camélias d'Alexandre Dumas fils, l'opéra La Traviata est un chef-d'œuvre intemporel. La fascination qu'il suscite réside dans le talent de Verdi à traduire en musique toute la complexité et l'humanité de personnages confrontés aux diktats d’une société conservatrice. L'interprétation de La Traviata proposée à l'Opéra Grand Avignon pour l'ouverture de la saison intulée « Femmes ! », s'inscrit d'ores et déjà parmi ces moments d'exception qui marquent les esprits et demeurent gravés dans les mémoires.

Poursuivant leur réflexion sur l'Art Brut, Gustavo Giacosa et son compagnon de route et accompagnateur Fausto Ferraiuolo, nous proposent un spectacle en forme d'hommage au très singulier destin de Melina Riccio, artiste hors norme au sens propre du terme. D'abord styliste, mariée et mère de famille, Melina Riccio, après une révélation, finira par tout abandonner afin de tenter de sauver le monde à sa façon, en un parcours à la fois christique, politique et artistique d'une extrême radicalité qui, après d’innombrables condamnations, la conduira à plusieurs reprises à l'internement en psychiatrie.

Lieu de spectacle, de création et de formation déjà profondément ancré dans le paysage culturel avignonnais et plus largement provençal, La Scala Provence nous proposait hier Les gros patinent bien, primé aux Molières 2022 en tant que meilleur spectacle de théâtre public. Avec ce titre énigmatique, Pierre Guillois et Olivier Martin-Salvan nous proposent un duo burlesque, hommage à la grande tradition de l’humour anglo-saxon, mais qui en est aussi une irrésistible parodie. S’il y a un message derrière cette avalanche de gags et de trouvailles en tous genres, c’est qu’on peut faire un grand spectacle avec des bouts de ficelles et de cartons… et en faire un véritable carton auprès du public. À condition bien sûr que ce spectacle soit porté par des artistes de talent, avec un engagement total. La performance repose entre autres sur le fait que le récit de cette histoire absurde est porté d’un côté par des pancartes à la manière de celles des films muets, et de l’autre par un hilarant monologue dans une langue inventée n’ayant de l’anglais que la sonorité. Un pur divertissement qui fait du bien en ces temps moroses.

Dans le cadre de la désormais célèbre Semaine Italienne d'Avignon, la Compagnie Rocking Chair Theatre nous proposait hier soir au Théâtre du Balcon un concert marionnettique. Un spectacle qui tout d'abord relève d'une prouesse technique, deux jeunes comédiennes et chanteuses prêtant leurs mains et leurs voix pour animer leurs doubles plus âgées en forme de marionnettes à taille humaine, tandis qu'une troisième manipule les têtes et les visages de ces personnages de commedia dell'arte. Le tout pour un récital de chansons populaires siciliennes, accompagnées à la guitare, au synthétiseur et au tombasse. Il émane de ce numéro burlesque mettant en scène deux vieilles dames plus ou moins indignes mais profondément attachantes un sentiment d'intense humanité. C'est la magie du spectacle vivant et de l'art de la marionnette, quand il est maîtrisé à ce point, que de conférer à une simple poupée de bois, de cuir ou de tissu une présence scénique plus importante encore que celle d'un simple acteur en chair et en os. Ce spectacle est aussi un pied de nez très poétique à la vieillesse, à la déchéance et à la mort. Le discret hommage à Brigitte Fontaine, autre vieille dame indigne de la chanson française devenu icône nationale, allait donc tout à fait de soi. Courez voir ces deux divas décrépies et déjantées, elles vous feront perdre la tête.

Le Rouge Gorge nous proposait ce dimanche, à l’initiative de l’Association Un Vent de Jazz, un voyage aux temps mythiques de la prohibition dans l’Amérique des années folles et des « speakeasies », ces bars clandestins où, bravant les interdits, on pouvait à la fois boire de l’alcool et écouter une musique émergente participant d’une certaine contre-culture. Explorant un répertoire ragtime, charleston, black bottom ou swing, ancré dans les cabarets des grandes villes du Nord plutôt que dans les clubs de la Nouvelle Orléans, ce talentueux et sympathique quintet nous transporte avec ce spectacle dans l’univers interlope des bars légendaires où s’est forgée autour du jazz une culture populaire empreinte d’un esprit de liberté qui allait révolutionner l’Amérique et le monde.

Actualité du répertoire de Jean-Pierre Martinez

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