Le Point de mire d’Eugène Labiche et Alfred Delacour

Comédie-vaudeville en quatre actes, représentée pour la première fois, à Compiègne, sur le théâtre de la Cour, le 4 décembre 1864 et à Paris, au Gymnase, le 12 décembre 1864.
Distribution : 10 hommes, 6 femmes
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L’argument

Duplan vient demander la main de Berthe, la fille de ses amis Carbonel pour son fils Maurice. Les Carbonel au départ peu enthousiastes sont ravis quand ils apprennent que Maurice a un million de dot. Les Pérugin, leurs meilleurs amis, sont jaloux de cette bonne fortune et Madame Pérugin va tout faire pour que Maurice s’éprenne de sa fille, Lucie, qui, elle, est amoureuse de l’architecte Jules Priés. Maurice ne cesse d’hésiter, entre la blonde Berthe et la brune Lucie…

Un extrait

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8402645b/f1.item
Le point de mire, comédie d’Eugène Labiche et Delacour : programme de 1864. Source : BnF/ Gallica

Duplan.
Je n’ai qu’un mot à vous dire, j’irai droit au but… J’ai un fils que je désire marier le plus tôt possible… votre fille est jolie, bien élevée…
Madame Carbonel.
Permettez !…
Duplan.
Vous êtes de braves gens, de vieux amis, vous me plaisez.
Carbonel.
Bien flatté, mais la fortune de M. Maurice…
Duplan.
Elle est superbe ! vous avez bien connu mon frère Etienne.
Carbonel.
Non…
Duplan.
Le parrain de Maurice… une espèce d’idiot, qui n’a jamais pu être reçu bachelier… alors il est allé en Italie entreprendre des travaux de terrassement pour les chemins de fer… il m’écrivait tous les ans : « Ça va bien, embrasse Maurice pour moi. » J’embrassais Maurice parce que ça me faisait plaisir et je ne pensais plus à sa lettre. Mais voilà qu’il est mort, il y a six mois, en instituant mon fils son héritier.
M. et Madame Carbonel.
Eh bien ?
Duplan.
Eh bien, il lui a laissé cinquante mille livres de rente, cet imbécile-là.
M. et Madame Carbonel.
Un million !
Duplan.
Mon Dieu, oui, Maurice a un million de dot.
Madame Pérugin, paraissant à droite, à part.
Un million ! son fils !
Elle se retire vivement et écoute.
Carbonel.
Un million ! asseyez-vous donc… je vais rallumer le feu.
Madame Carbonel, éperdue.
Une bûche ! un tabouret !
Elle abaisse vivement sa robe.
Duplan, qu’on a fait asseoir sur le canapé entre Carbonel et sa femme.
C’est inutile… je m’en vais.
Madame Carbonel.
Cher monsieur Duplan… votre proposition nous trouble… nous émeut..
Carbonel.
Ah ! c’est que nous sommes des amis, de vieux amis !
Duplan.
Habitués du café Carbonel ! Ah çà ! pour se marier, il faut que les jeunes gens se connaissent ; où pourront-ils se voir ?

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