Le plus heureux des trois, d’Eugène Labiche

Comédie en trois actes d’Eugène Labiche et Edmond Gondinet, représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Palais-Royal, le 11 janvier 1870.
Distribution : 4 hommes, 4 femmes
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

L’argument

Marjavel est marié en secondes noces à Hermance, qui a une liaison avec Ernest, un ami de son mari. L’oncle d’Ernest, Jobelin, était quant à lui l’amant de la première femme de Marjavel, Mélanie. Et enfin, Marjavel lui-même a une relation avec une autre femme, sans compter les deux maîtresses qu’il avait quand il était marié avec Mélanie. Un cocher maître chanteur  et un couple de valets alsaciens viennent mettre en danger ce fragile équilibre…

Illustrations sur Gallica

Cette pièce a fait le bonheur des caricaturistes et Gallica propose une série d’estampes ou aquarelles réalisées par Draner et Lhéritier.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b64007217
Portrait des acteurs en costumes par Lhéritier. Source : Bnf/Gallica
Extrait de la Vie Parisienne du 22 janvier 1870. Source : BNF/ Gallica
Extrait de la Vie Parisienne du 22 janvier 1870. Source : BNF/ Gallica
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b550035408
Portrait de Brasseur dans le rôle de Krampach par Draner. Source : BnF/ Gallica
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6400717b
Portrait de Brasseur dans le rôle de Krampach par Lhéritier. Source : Bnf/Gallica
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b550034778
Portrait de Mademoiselle Reynold, dans le rôle de Lisbeth / par Draner. 1970. Source BnF/Gallica
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9008061g
Tournée artistique direction Soumis-Duchampt (des Bouffes-Parisiens)… affiche de 1888. Source : BnF/ Gallica

Un extrait

Jobelinseul ; il dépose le bouquet et la bouteille sur le divan.

Je viens souhaiter la fête à Marjavel ; c’est une habitude que j’ai contractée du temps de sa première femme… Je ne puis entrer dans ce salon sans être ému… Il m’est permis de jeter un regard mélancolique sur le portrait de cette pauvre Mélanie. (S’adressant au portrait d’Hermance.) On t’a remplacée, pauvre femme !… au bout d’un an et trois jours ! On oublie si vite… O époque voltairienne ! (Allant au portrait, le regardant.) Mais me voici, moi… (S’arrêtant.) Ah ! non, c’est la seconde… (Il retourne le portrait, côté Mélanie.) Me voici ! je viens accomplir mon pieux pèlerinage… chère Mélanie !… nous fûmes bien coupables. (S’adressant au portrait de Marjavel qui est de l’autre côté.) Nous t’avons trompé, Marjavel !… homme excellent !… homme parfait !… homme admirable !… Je n’ai pas de remords, parce que je me repens… (Il revient en scène.) Et, si je me repens, c’est qu’elle n’est plus là… Sans cela !… pauvre amie !… c’est moi qui ai suggéré à Marjavel l’idée de la faire peindre derrière l’autre… La dernière fois que nous nous vîmes, nous étions en fiacre… elle avait une peur d’être reconnue qui la rendait charmante… elle se cachait derrière un éventail qu’elle était censée avoir gagné à la loterie… La loterie, c’était moi !… Pauvre enfant ! tout me la rappelle ici… (Il soupire en regardant le divan ; puis va à la cheminée.) J’avais eu l’idée machiavélique d’offrir à Marjavel cette pendule à tête de cerf… pour sa fête. C’est là dedans que nous cachions notre correspondance… (Il ouvre.) Hein ?… un billet ! un ancien qui est resté… (Il ouvre le billet, et vient en scène.) Quelle imprudence !… écrit d’une main tremblante… c’est bien ça… elle tremblait toujours. (Lisant.) « grand malheur nous menace… le cocher du fiacre nous a reconnus, il nous épie, il porte le n° 2114. Tâchez de le voir… j’ai le pressentiment que ce fiacre nous portera malheur. » (Parlé.) Elle était bébête avec ses pressentiments !… Je me rappelle qu’un jour elle avait rêvé d’un chat noir… et elle prétendait que c’était le commissaire de police.

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