Maman Sabouleux d’Eugène Labiche et Marc-Michel

Comédie en un acte, mêlée de chant, représentée pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Palais-Royal, le 13 mars 1852.
Distribution : 4 hommes, 2 femmes
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L’argument

Suzanne a été mise en nourrice à la campagne chez un couple de paysans. Mais la femme a rapidement quitté le domicile : c’est le mari, devenu Maman Sabouleux, qui a élevé l’enfant, ainsi que Toto, qui lui a aussi été confié dans le train.  L’enfant a maintenant 8 ans et est une vraie paysanne. M. et Mme de Claquepont, ses parents, à l’occasion de leur « premiers deux jours de congés en huit ans » viennent pour la première fois rendre visite à leur fille…

Un extrait

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6400885h/f1.item
Portrait de Grassot (Sabouleux) / par Lhéritier, 1852. Source : BnF/ Gallica

Sabouleux.
Qu’est-ce que c’est ?… V’là encore que t’asticotes l’enfant ?
Pépinois.
C’est elle… Pourquoi qu’elle me dit que j’ai un cheveu dans la main ?
Il remonte et prépare le plat à barbe.
Suzanne.
Dame ! un perruquier !
Sabouleux, éclatant de rire.
Ah ! ah !… Vous a-t-elle un bec pour son âge ! vous a-t-elle un bec ! Viens embrasser maman Sabouleux !
Il la pose droite sur un chaise à gauche.
Suzanne.
J’veux ben !
Sabouleux, l’embrassant.
Voyons… qué qu’tas fait ce matin ?
Suzanne.
En me levant, j’ai cassé mon sabot.
Sabouleux.
T’as bien fait, ça porte bonheur. Après ?
Suzanne.
Après… je m’ai amusé à cracher dans le puits.

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6400886x/f1.item
Portrait de Grassot (Sabouleux) / par Lhéritier, 1852. Source : Gallica/BnF

Sabouleux.
T’as encore bien fait… (Avec conviction.) On dit que ça guérit les engelures.
Pépinois, à part, faisant mousser le savon dans le plat à barbe.
Il l’imbibe de préjugés !
Suzanne.
Ensuite, j’ai été faire mon marché pour mettre le pot…
Sabouleux.
T’a-t-on fait ton poids ?
Suzanne.
N’as pas peur !… y voulait me flanquer des os… j’y ai fichu des sottises !…
Sabouleux.
T’as bien fait… faut pas se laisser entortiller par les marchands.
Il la pose à terre.
Pépinois.
Elle est rat, jusqu’avec le boucher…
Sabouleux, regardant Suzanne avec orgueil.
Mais regarde-la donc… Est-elle fleurie !… A-t-elle des jambes ! a-t-elle des bras ! est-elle solide !… À la renommée des omelettes, voilà ce qu’on fait des enfants !
Pépinois, à Sabouleux en plaçant une chais au milieu du théâtre.
Mettez-vous là !…
Suzanne, le poussant sur la chaise.
Assiste-toi !
Elle lui noue une serviette autour du cou.
Pépinois, tout en repassant son rasoir.
Ousqu’est donc votre autre nourrisson ?
Sabouleux.
Toto ?
Pépinois.
Oui.
Sabouleux.
Je l’ai prêté au cousin Sabouleux… pour faire les foins… Il m’avait prêté son âne, alors je lui ai prêté Toto.
Pépinois.
Pristi ! quel bon état que d’être nourrice ! (S’apprêtant à lui mettre du savon.) Fermez les yeux !

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