Barbaro par la Dusan Hegli Company

Espace Roseau Teinturiers – 45, rue des Teinturiers – 84000  Avignon
du 7 au 29 juillet à 22h25 – Relâches : 11, 18, 25 juillet

Les populismes identitaires font généralement peu de cas de la culture. Sauf à convoquer un folklore ancien pour exalter les traditions nationales. La création contemporaine et multiculturelle, pour sa part, est délaissée, quand elle n’est pas tout simplement censurée par ces partis politiques d’extrême-droite, souvent élus démocratiquement, mais rétrogrades et réactionnaires. Ce mouvement de repli sur soi est hélas à l’œuvre un peu partout dans le monde, y compris en Europe, et jusque dans notre propre pays.

S’emparant à bras le corps de cette problématique très actuelle, la compagnie Dusan Hégli nous propose un spectacle qui, en convoquant à la fois le théâtre, la musique et la danse, prend à revers cette politique culturelle délétère qui voudrait faire de la légitime célébration des traditions une négation de toute invention et de toute évolution.

Au départ, il y a le texte puissant de Samuel Beckett, Catastrophe. Écrite en 1982 et créée au Festival d’Avignon la même année, cette pièce est un hommage au dramaturge tchèque Václav Havel, alors emprisonné. Lajos Parti Nagy s’inspire de ce texte pour en densifier le propos. Sous la seule forme d’une voix off, il présentifie sur le plateau et dans la salle un metteur en scène à la fois démiurge et tyran, d’autant plus terrifiant qu’on ne voit de lui que ses mains, en vidéo. Cette sorte de Big Brother s’adresse directement aux neuf danseurs, héritiers de la tradition folklorique d’Europe centrale, pour les diriger, mais surtout pour les dominer et leur imposer sa vision totalitaire.

La force de cette proposition est précisément de célébrer ces danses traditionnelles, exécutées à la perfection par des danseurs d’exception, pour dénoncer la célébration du passé lorsqu’elle se veut une négation de l’avenir. La partition musicale de ce spectacle est jouée en direct par un quatuor remarquable, qui fascine par son habileté à mêler mélodies folkloriques, œuvres de Béla Bartok et créations originales. En arrière plan, un mur de vidéos évoque toutes les formes du totalitarisme, de manière symbolique ou réaliste.

Un spectacle à la fois magnifique dans sa forme et essentiel dans son propos.

Un coup de cœur de Libre Théâtre

Critique Ruth Martinez

Mise en scène : Dusan Hégli

Interprètes : Ákos Botló, Erik Brusznyai, Gergely Fekete, Barbara Gyenes, András Lantos, Tamara Makó, Veronika Sebo, Ágnes Varsányi, Anna Vermes

Musiciens : Máté Hegedus, Miklós Király, Gergely Dávid Hegedus, Tamás Király

Voix : Jean-Marc Barr

Texte : Lajos Parti Nagy

Traduction : Natalia Zaremba, Charles Zaremba

Compositeurs : Béla Bartók, Gergely Dávid Hegedus, Máté Hegedus

Costumes : Edit Szucs

Assistante artistique : Zsófi Varsányi

Chorégraphie : Dusan Hégli

Ifjú Szivek Dance Theatre

 

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