Orphelins de Dennis Kelly par La Cohue

Un jeune homme très perturbé débarque un soir chez sa sœur et son beau-frère avec son tee-shirt couvert d’un sang qui n’est pas le sien. C’est le début d’un huis-clos dramatique au cours duquel ces trois personnages vont se déchirer. La sœur tente d’abord de protéger à tout prix son frère, auquel elle est liée à la vie et surtout à la mort par une enfance tragique. Jusqu’à ce que l’effroyable vérité ne finisse par éclater, telle une bombe à retardement. La soeur, enceinte, finira par choisir la vie. Le théâtre anglais est un théâtre réaliste et social. Cette pièce de Dennis Kelly s’inscrit dans cette tradition. Ce qui donne à ce spectacle une puissance extraordinaire, c’est la mise en scène qui, en dynamitant tous les codes du théâtre pour en souligner le caractère conventionnel, parvient finalement à donner à l’action qui se déroule devant nous une réalité extraordinaire. Installés autour de la scène, les spectateurs assistent à un véritable « happening » : on a l’impression troublante qu’il se passe vraiment quelque chose sous nos yeux, là, maintenant. Et que ce n’est pas que du théâtre. Et si c’était ça, l’essence même de l’art dramatique ? Les comédiens sont bouleversants de justesse. On passe du rire aux larmes, mais l’émotion est toujours présente, et elle finit par nous serrer la gorge. Un grand moment de pur théâtre. À ne manquer sous aucun prétexte.