La dernière bande de Samuel Beckett mise en scène Jacques Osinski avec Denis Lavant
Un homme est assis, seul, à un bureau métallique, sous un plafonnier à la lumière blafarde. Il reste figé là pendant un temps. Un très long temps. Puis il se lève pour chercher dans les tiroirs de sa mémoire les fragments d’une vie enregistrée sur de vieilles bandes magnétiques. Jusqu’à la dernière bande. Celle où il s’enregistrera entre train d’écouter cette même bande. Ce texte de Samuel Beckett nous parle du souvenir. Sommes-nous seulement ce que nous avons été ? La mise en scène de Jacques Osinski, elle, nous parle du temps. Si le temps et donc la vie c’est le mouvement, la mort c’est l’immobilité. « La dernière bande » est un texte très court. Pour en faire un spectacle de près d’une heure et demie, il fallait donc ralentir le temps. Jusqu’à l’arrêter. Pour surseoir à la mort. En avant. En arrière. Pause. Jusqu’à l’arrêt définitif. Le noir final. Stop. Il fallait toute l’autorité d’un Denis Lavant pour faire accepter au public une proposition théâtrale aussi exigeante, même si l’humour absurde de Beckett n’est jamais loin malgré le caractère aride de cette réflexion sur le temps. Cet immense comédien, avec toute la puissance de sa fragilité, ose se présenter seul devant une salle comble pour lui imposer d’entrée son silence. Avant de partager avec le public cette communion silencieuse. Tel un torero dans l’arène, il force le respect en défiant la mort devant nous. Avec nous. Il est à la fois le matador et le taureau. Contre l’agitation et le bavardage qui caractérisent notre époque, ce spectacle nous propose de revenir à l’essence même du théâtre quand il n’est pas un pur divertissement. Et si vous preniez le temps d’aller voir ce spectacle ?
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