Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand mise en scène de Maryan Liver

Jouer Cyrano de Bergerac à deux comédiens seulement était un pari audacieux. Ce pari est gagné : le chef d’œuvre d’Edmond Rostand est interprété avec enthousiasme et émotion par deux comédiens virtuoses, Thomas Bousquet et Maryan Liver, qui signe également la mise en scène (à la Folie Théâtre, Sidonie Gaumy remplacera Maryan Liver).
À l’aide de quelques accessoires bien choisis, une gestuelle particulière ou une diction caractéristique, chacun des personnages est clairement identifié, ce qui permet aux deux interprètes de les incarner tous successivement sans qu’aucune confusion ne s’installe dans l’intrigue. Le cuisinier Ragueneau est symbolisé par une marmite, une grande marionnette représente Christian, le Comte De Guiche est figuré par une immense tête de carnaval…
Dans cette atmosphère de théâtre de foire, l’action est menée tambour battant, et on a même droit à une joute digne d’un spectacle de cape et d’épée, avec des archets en guise de fleurets, faisant écho à toutes les autres joutes de la pièce, verbales celles-là, où les répliques cultes fusent en permanence.
Quelques magnifiques créations originales constituent le décor : une malle qui se transforme en roulotte, un orgue de barbarie de la taille d’un accordéon… Les jeux d’ombre et de lumière, signés par Gillian Duda, installent une atmosphère de féerie. Enfin, la musique de Mathieu Scala accentue la dimension poétique de cette inoubliable comédie héroïque. L’ingéniosité de la mise en scène parvient donc à nous faire accepter la convention théâtrale. La puissance du texte poignant de Rostand fait le reste. À la fin de l’envoi, ce Cyrano nous touche. On sort de la salle encore ému, pleurant son malheur, mais lui enviant son panache.