Mangeront-ils ? de Victor Hugo

Comédie en deux actes et en vers, parue dans le recueil Théâtre en Liberté paru en 1886. Représentée pour la première fois en 1907 au Théâtre royal du parc de Bruxelles.
Distribution : 8 hommes, 2 femmes
Texte intégral de la pièce à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

L’argument

http://art.rmngp.fr/fr/library/artworks/victor-hugo_ma-destinee_grattage_gouache_lavis-d-encre-brune_encre-brune_plume-dessin_1857?force-download=63525
Ma Destinée, dessin de Victor Hugo 1857.  (C) RMN-Grand Palais / Agence Bulloz Source : RMN

Sur l’île de Man, le roi et sa suite poursuivent Lord Slada qui s’est enfui avec Lady Janet dont le roi s’est épris. Les amoureux se sont cachés dans une église au milieu d’un cloître, au fond d’une forêt. Là, vivent également deux proscrits, la sorcière Zineb et le voleur Aïrolo. Depuis trois jours, les amoureux se cachent. Ils ne peuvent boire ni manger car dans ce cloître, la végétation est vénéneuse et les rivières sont empoisonnées… Aïrolo décide de les aider.
Une pièce onirique sur l’amour et la mort, mais qui porte aussi  avec force un discours politique contre la tyrannie.

Un extrait

Lord Slada
L’extase en clarté se prolonge
Au-dessus de nos fronts, là-haut, n’entends-tu pas
Sur nos têtes des voix, des haleines, des pas,
Et n’aperçois-tu pas une lueur sacrée ?
Cette forêt ébauche au loin la vague entrée
Du divin paradis plein d’âmes, et de feux
Qui sont des cœurs mêlés aux profonds gouffres bleus !
Viens, aspirons l’oubli sous ces branches dormantes.
Ces nids sont des hymens, ces fleurs sont des amantes.
Notre âme communique avec tous les frissons
Des choses à travers lesquelles nous passons.
Les prodiges charmants du rêve nous caressent.
Viens ! aimons-nous. Le rire et les pleurs apparaissent
En perles dans ta bouche, en perles dans tes yeux.
Tu t’es transfigurée en un rayon joyeux.
Je crois te voir fouler de vagues asphodèles.
Où donc prends-tu cela que nous n’avons point d’ailes ?
Je sens les miennes, moi. Je suis prêt. Si tu veux
Dénouer dans l’aurore immense tes cheveux,
Si tu veux t’envoler, je suis prêt à te suivre,
Je te verrai planer, je me sentirai vivre,
Pendant que tu feras derrière toi pleuvoir
Des étoiles dans l’ombre auguste du ciel noir !
Si tu savais, je t’aime ! O Janet, mes paroles,
Je les prends aux parfums, je les prends aux corolles,
J’en suis ivre ; ces flots, ces rochers, ces forêts,
Aident mon bégaiement, et sont là tout exprès
Pour traduire à tes yeux ce que ma voix murmure.
Et sais-tu ce qui sort de toute la nature,
Ce qui sort de la terre et du ciel ? c’est mon cœur.
Ce que je dis tout bas, ce bois le chante en chœur.
Dans l’univers, qu’un songe inexprimable dore,
II n’est rien de réel, hors ceci : je t’adore !
Un mot remplit l’abîme. Un mot suffit. Il faut
Pour que le soleil monte à l’horizon, ce mot.
Et ce mot, c’est Amour! L’éternité le sème.
Dieu, quand il fit le monde, a dit au chaos : J’aime !
Il lui prend la main et la pose sur ses cheveux.
Mets sur mon front ta main. Je suis ton protégé.
Déesse, inonde-moi de ta lumière.
Lady Janet, à part.
………………………………………………..J’ai
Une faim !
Lord Slada, à part.
                     Oh la soif !

Quelques documents autour des mises en scène de la pièce

Mise en scène de Benno Besson. Novembre 2002. Théâtre des Célestins.  Dossier pédagogique
Mise en scène, décor et costumes de Laurent Pelly. Mars 2013. Dossier sur le site de France Inter, Extraits sur You Tube
Mise en scène Muriel Vernet 2015. Dossier pédagogique de la Compagnie les Choses Dites

Pour en savoir plus, sur Libre Théâtre :
Le Théâtre de Victor Hugo
Biographie de Victor Hugo à travers son théâtre
Victor Hugo, metteur en scène de ses pièces
L’humour dans le théâtre de Victor Hugo

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