Louise Michel, la louve

Au Théâtre du Vieux Balancier, 2 rue d’Amphoux, Avignon
Dans le cadre du Festival « Aux actes citoyens, 3 figures de révolte et de liberté, 9, 10 et 11 novembre 2019 

Libre Théâtre vous recommande ce spectacle

C’est à un voyage dans le temps que nous convie la Compagnie Corps et Âme. Nous sommes au cœur d’une réunion politique, en 1886, avec Louise Michel qui vient de sortir de prison. Nous sommes ses camarades, nous qui l’avons toujours soutenue, après la Commune, lorsqu’elle était en prison ou déportée en Nouvelle-Calédonie. Elle nous interpelle, nous rappelle ses multiples combats, pour l’enseignement des garçons et des filles, contre l’exploitation des enfants, contre les bourgeois exploiteurs… On la découvre aussi enseignante, poète, botaniste, ethnologue, militante aux côtés des Kanaks. Ni Dieu, ni Maître, le combat d’une femme libre.
Clémentine Stépanoff incarne Louise Michel, sa révolte, sa force, son courage, sa détermination mais aussi sa sensibilité. Son interprétation du Temps des cerises est bouleversante et restera durablement gravée dans votre mémoire.
Ce voyage dans le temps nous parle aussi d’aujourd’hui. Un spectacle à ne pas manquer.
Critique de Ruth Martinez

Une pièce d’Alain Duprat, mise en scène par Emmanuel Desgrées du Loû
avec Clémentine Stépanoff, seule en scène

Lien vers le site de la Compagnie Corps et Âme
Prochaines représentations :
Dimanche 10 novembre à 18 heures
Lundi 11 novembre à 19 heures

Autour de Louise Michel

Le spectacle évoque plusieurs aspects méconnus de la vie de Louise Michel que nous vous invitons à approfondir grâce à Gallica.

À lire – Louise Michel devant le 6e conseil de guerre : son arrestation par elle-même, dans une lettre au citoyen Paysant – Sur Gallica

À lire – Mémoires de Louise Michel écrits par elle-même  – sur Gallica

À Lire – Légendes et Chants de gestes canaques – sur Gallica

Légendes et Chants de gestes canaques (texte intégral et illustration sur Gallica)

Article du Blog de Gallica : Louise Michel, une femme libre au bagne

Le spectacle nous donne aussi à entendre quelques extraits du très beau poème de Victor Hugo dédiée à Louise Michel. Nous vous proposons l’intégralité ci-dessous :

Viro Major

Ayant vu le massacre immense, le combat,
Le peuple sur sa croix, Paris sur son grabat,
La pitié formidable était dans tes paroles ;
Tu faisais ce que font les grandes âmes folles ;
Et, lasse de lutter, de rêver de souffrir,
Tu disais :  » j’ai tué !  » car tu voulais mourir.

Tu mentais contre toi, terrible et surhumaine.
Judith la sombre Juive, Aria, la Romaine
Eussent battu des mains pendant que tu parlais.
Tu disais aux greniers :  » J’ai brûlé les palais ! »
Tu glorifiais ceux qu’on écrase et qu’on foule.
Tu criais :  » J’ai tué ! Qu’on me tue ! – Et la foule
Écoutait cette femme altière s’accuser.
Tu semblais envoyer au sépulcre un baiser ;
Ton œil fixe pesait sur les juges livides ;
Et tu songeais, pareille aux graves Euménides.
La pâle Mort était debout derrière toi.

Toute la vaste salle était pleine d’effroi.
Car le peuple saignant hait la guerre civile.
Dehors on entendait la rumeur de la ville.
Cette femme écoutait la vie aux bruits confus,
D’en haut, dans l’attitude austère du refus.
Elle n’avait pas l’air de comprendre autre chose
Qu’un pilori dressé pour une apothéose ;
Et, trouvant l’affront noble et le supplice beau
Sinistre, elle hâtait le pas vers le tombeau.
Les juges murmuraient :  » Qu’elle meure ! C’est juste.
Elle est infâme! – À moins qu’elle ne soit Auguste, « 
Disait leur conscience. Et les jugent, pensifs,
Devant oui, devant non, comme entre deux récifs,
Hésitaient, regardant la sévère coupable.

Et ceux qui, comme moi, te savent incapable
De tout ce qui n’est pas héroïsme et vertu,
Qui savent que si l’on te disait :  » D’où viens tu ? « 
Tu répondrais :  » Je viens de la nuit où l’on souffre ;
Oui, je sors du devoir dont vous faites un gouffre ! »
Ceux qui savent tes vers mystérieux et doux,
Tes jours, tes nuits, tes soins, tes pleurs donnés à tous,
Ton oubli de toi-même à secourir les autres,
Ta parole semblable aux flammes des apôtres ;
Ceux qui savent le toit sans feu, sans air, sans pain
Le lit de sangle avec la table de sapin
Ta bonté, ta fierté de femme populaire,
L’âpre attendrissement qui dort sous ta colère
Ton long regard de haine à tous les inhumains
Et les pieds des enfants réchauffés dans tes mains ;
Ceux-la, femme, devant ta majesté farouche
Méditaient, et malgré l’amer pli de ta bouche
Malgré le maudisseur qui, s’acharnant sur toi,
Te jetait tous les cris indignés de la loi,
Malgré ta voix fatale et haute qui t’accuse,
Voyaient resplendir l’ange à travers la méduse.

Tu fus haute, et semblas étrange en ces débats ;
Car, chétifs comme tous les vivants d’ici-bas,
Rien ne les trouble plus que deux âmes mêlées
Que le divin chaos des choses étoilées
Aperçu tout au fond d’un grand coeur inclément
Et qu’un rayonnement vu dans un flamboiement.

Victor Hugo
Décembre 1871 (Source Gallica)

Le Théâtre de Victor Hugo sur Libre Théâtre

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