La Femme de ma vie d’Andrew Payne

Version 2021 depuis Molitor

Seul, muni de son smartphone, Robert Plagnol joue de façon magistrale avec les codes du théâtre et du cinéma. Une performance remarquable à ne pas manquer.

Nouvelle version de La Femme de ma vie mise en scène par Patrice Kerbrat à partir du 21 octobre. Vous pouvez assister au direct sur Zoom. Vous pouvez aussi assister à la représentation sur Zoom depuis un salon privé à Molitor et rencontrer ensuite  Robert Plagnol autour d’une coupe de champagne
réservations : directautheatre.com/spectacles
Les jeudis et vendredi à 21 heures (durée 1h15,  prix 10 euros sur Zoom et 25 euros à Molitor).

 


Recommandation du spectacle vu à l’Hôtel d’Europe en juillet 2018 à Avignon.

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Derrière la fenêtre de l’appartement obscur où il se cache, Franck attend la femme de sa vie. Celle qui le sauvera des conséquences fâcheuses de la dernière embrouille dans laquelle il s’est fourré, dans l’espoir de sortir de sa condition de chauffeur de maître pour se faire une place au soleil parmi les nantis peu scrupuleux qui l’emploient. En attendant l’arrivée providentielle de son ange gardien, qui tarde à venir, Franck nous raconte les circonstances qui l’ont conduit dans cette situation délicate. Il faut dire que sa vie entière n’est qu’une suite sans fin de situations délicates. Car Franck est un drôle de type. Il lit des livres, mais c’est  un impulsif. Il sait se servir de sa tête mais en dernier recours, la solution à tous ses problèmes reste toujours un bon coup de boule.

Andrew Payne, l’auteur anglais de ce monologue, est aussi scénariste. Avec ce texte, il nous plonge dans l’ambiance d’un film noir américain. L’intrigue importe moins que le destin du narrateur, qui est aussi le protagoniste des innombrables mésaventures dans lesquelles il se trouve involontairement plongé. Si la tonalité est plutôt sombre, donc, le ton est aussi très humoristique. Un humour noir bien sûr qui, mêlé à cet univers de polar, rappelle parfois Frédéric Dard et son célèbre commissaire.

Au-delà  de cet aspect cinématographique assumé, la mise en scène de Gilles Bannier nous ramène cependant bien dans l’univers du spectacle vivant, en jouant de façon magistrale avec les codes du théâtre. Tantôt absent car plongé dans les abîmes de sa propre pensée, tantôt en communication directe avec le public en risquant même l’improvisation, le personnage joue à merveille des ruptures et des silences, dans un rythme syncopé qui rappelle le théâtre de Harold Pinter.

Ce texte est magnifiquement interprété par Robert Plagnol, qui a aussi assuré la traduction et l’adaptation du monologue d’Andrew Payne. Un comédien d’une extrême élégance, et pas seulement parce qu’il est habillé par le couturier Paul Smith. Robert Plagnol donne corps à ce personnage très « écrit » de macho passablement border line, et parvient à susciter l’empathie en révélant la fragilité d’un « gorille » au destin tragique, qui ne craint qu’une personne sur Terre, son père, et qui n’a pour seul espoir de s’en sortir que la femme de sa vie.

Au final, malgré l’économie de moyens techniques mis en œuvre dans l’ancienne salle de bals de l’Hôtel d’Europe, nous assistons  à un extraordinaire moment de théâtre. Le bal est ouvert, et le spectacle est à l’affiche dans ce magnifique écrin pendant toute la durée du OFF. À ne manquer sous aucun prétexte.

Critique de Jean-Pierre Martinez

Mise en scène : Gilles Bannier
Avec Robert Plagnol
Scénographie : Broo
Création sonore : Michel Winogradoff
Musique : Amélie Nilles
Costumes : Paul Smith


La femme de ma vie de Andrew Payne en direct sur Zoom from Robert Plagnol on Vimeo.

 

Croquis sur vif pendant la représentation par Bénédicte Roullier, lescroquis.fr
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