Frisette d’Eugène Labiche et Auguste Lefranc

Vaudeville en un acte, représenté pour la première fois à Paris sur le Théâtre du Palais-Royal le 28 avril 1846.
Distribution : 2 hommes, 2 femmes
Texte à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

L’argument

Pour faire fonctionner sa petite entreprise,  Mme Ménachet, ingénieuse  logeuse, a trouvé moyen de louer la même chambre à deux personnes qui ne se connaissent pas :  Frisette est ouvrière en dentelles et travaille la journée alors que Gaudrion est boulanger et travaille la nuit… Tout fonctionne pour le mieux, jusqu’au jour où l’un et l’autre se retrouvent face à face découvrant ainsi la supercherie… Ils ont été victimes tous les deux d’aventures amoureuses qui se sont mal terminées et ne sont pas prêts à faire confiance à une personne de l’autre sexe.

Un extrait

Madame Ménachet, seule, s’occupant.
A-t-on jamais vu! prétendre que M. Ménachet… Allons donc!… c’te petite-là, avec sa rage de calomnier l’humanité, elle vous rendrait misantrophe ! Ah! maintenant qu’elle est partie, cachons vite ses effets… car l’autre ne peut tarder à venir… C’est drôle, tout de même… deux locataires pour une seule chambre… c’est la faute des circonstances… (En scène). Il y a trois jours, Mlle Frisette, une ancienne connaissance à moi, vient à ma loge : « Avez-vous quelque chose à louer ?

Toujours ! » que je lui réponds… je n’avais rien, mais faut jamais renvoyer la pratique… Alors, je me dis : « Si je la mettais au n° 7 ?… il est occupé par un garçon boulanger qui est à son travail toute la nuit et n’habite que le jour… Elle, elle est occupée toute la journée et n’habite que la nuit… ça pourra s’arranger, en attendant que le n° 10 soye vacant…» Et, en effet, ça s’arrange à merveille!… (Elle retourne à son travail.) Seulement, faut que j’engage Gaudrion, le boulanger, à ne pas fumer tant que ça… Voyons, ne nous embrouillons pas!… nous disons : le tablier, les bonnets, dans ce cabinet… (Elle indique le cabinet de gauche.), celui de mam’zelle Frisette… de l’autre côté (Elle indique le cabinet de droite.), celui de Gaudrion. (Elle met le tablier et les bonnets dans le cabinet de gauche, sans sortir de scène.) Là!… (Elle ferme la porte et met la clef sous un vase placé sur la cheminée de gauche.) Grâce à ce petit déménagement quotidien, aucun d’eux ne se doute… Dieu !… seraient-ils furieux s’ils savaient… ils jetteraient des cris de feu !… Ah çà ! refaisons le lit, et n’oublions pas de changer le traversin de côté… Gaudrion veut avoir la tête par là… et Mlle Frisette par ici… S’ils étaient mariés, ça serait gênant tout de même!

(Elle fait le lit.)

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