Célimare le bien aimé d’Eugène Labiche

Comédie-vaudeville en trois actes d’Eugène Labiche et Alfred Delacour. Représentée pour la première fois à Paris, au Théâtre du Palais-Royal, le 27 février 1863.
Distribution : 7 hommes, 3 femmes
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

L’argument

Célimare, séducteur bourgeois et hypocrite de 47 ans, décide de se ranger en épousant Emma, une jeune fille qui a 18 ans. Mais les maris de ses anciennes conquêtes, Vernouillet et Bocardon, qu’il avait amadoués pour mieux les tromper, sont toujours sous son charme, et lui compliquent sérieusement et bien involontairement l’existence.

La création

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b64007944
Portrait de Lhéritier : dans le rôle de Vernouillet, par Lhéritier. 1863/ Source  BnF/ Gallica

Extrait de Quarante ans de théâtre : feuilletons dramatiques. [Volume 4] / de Francisque Sarcey. Source : BnF/ Gallica

« La pièce est parfaitement jouée. M. Geoffroy est toujours d’une rondeur charmante. Il a une franchise de voix dont l’action sur le public est infaillible. Je lui trouve moins de feu qu’au Gymnase. Est-ce parce qu’il est au Palais-Royal, entouré d’acteurs, dont le jeu un peu forcé éteint le sien? Je serais tenté de le croire. Peut-être ceux qui lui donnent la réplique feraient-ils mieux de moins s’abandonner à la caricature. Le rôle de Bocardon gagnerait, j’imagine, à n’être pas joué en charge. Mais il y a des traditions au Palais-Royal, et Hyacinthe se croit tenu de les observer.

Lhéritier tient le rôle du mari dolent ; il lui donne une physionomie très comique. Cet acteur a fini par se constituer une originalité ; le public l’aime et rit de confiance, rien qu’à le voir paraitre en scène. Lassouche est un bien drôle de domestique avec la phrase la plus simple, il fait éclater la salle de rire. Il s’approche de son maître, et d’un ton de conviction profonde : « Voilà pourtant où mènent les passions », lui dit-il. Le mot n’est pas très plaisant sur le papier; allez l’entendre, vous rirez de tout votre cœur.

Le succès a été énorme le premier soir je ne doute pas qu’il ne se soutienne et ne grandisse encore. Les acteurs sont toujours un peu contraints, quand ils jouent ces folies pour la première fois, devant un public pointilleux. Ils n’osent pas s’abandonner à leur verve naturelle. Il faut qu’ils reprennent leur aplomb. Si l’on veut voir ces sortes de vaudevilles parfaitement rendus, on fera bien d y aller entre la cinquième et la quarantième représentation. Auparavant, les artistes ne sont pas sûrs d’eux; ils ont quelque chose de gêné et de froid. Plus tard, ils poussent à la charge ils ajoutent de leur crû, ce qu’ils appellent des cascades. La pièce périt entre leurs mains. »


Mises en scène

Dossier de presse de la représentation du 31 octobre 1940 au Théâtre Michel sur Gallica.

Interview le 27 oct. 1977 de Darry COWL, qui interprète Célimare le bien aimé dans une mise en scène par Andréas VOUTSINAS sur le site de l’INA

Mise en scène de Francis Perrin au Théâtre Montansier (Versailles) en 1994.  Décors de Jacques Marillier sur le site.  Coll.A.R.T./B.H.V.P. / Fonds Jacques Marillier. Sur le site regietheatrale.com


http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6400795j
Portrait de Lhéritier : dans le rôle de Vernouillet par Lhéritier, 1873. Source : BnF/ Gallica

Un extrait

Pitoisallant ouvrir la fenêtre de gauche, et à part.
Il veut que j’ouvre la fenêtre, à présent… Bizarre !… bizarre ! (Haut.) Combien Monsieur veut-il de boucles ?
Il se tient debout derrière Célimare et finit de le coiffer.

Célimareassis.
Partout… partout… et que ça ait l’air naturel.

Pitois, le coiffant.
C’est égal… un homme qui se marie et qui fait du feu au mois d’août…

Célimare.
Eh bien !… après ?

Pitois.
J’ai fait à Monsieur les observations que je devais lui faire…

Célimare.
Parce que tu as été malheureux avec ta femme, tu vois des sinistres partout… Le fait est qu’on doit passer un mauvais quart d’heure quand on découvre la chose…

Pitois.
Oh ! moi, je m’y attendais… Depuis quelque temps, Pulchérie… se pommadait extraordinairement et mettait de l’eau de Cologne dans son mouchoir… et, quand une femme de chambre se pommade…

Célimare.
Mauvais signe ! (Parlant de sa coiffure.) Fais bouffer ! fais bouffer !… Eh bien, qu’est-ce que tu en as fait, de ta femme ? tu l’as renvoyée ?…

Pitois.
Non, monsieur… elle gagnait cinq cents francs par an !… nous les mettions à la caisse d’épargne.

Célimare.
Ah ! c’est une raison… Mais ton rival, tu l’as jeté par la fenêtre ?…

Pitois.
Non, monsieur… d’abord, les règlements de police s’y opposent… et puis il était plus fort que moi.

Célimare.
Ah ! il paraît que c’était un rude gaillard !

Pitois.
Un homme superbe… dans le genre de Monsieur.

Célimare.
Fais bouffer… fais bouffer…

Pitois.
Mais tout ça ne lui a pas porté bonheur.

Célimare.
Il est mort ?

Pitois.
Il est devenu huissier. (Otant le peignoir.) Monsieur est bouclé.

Chroniques concernant Labiche sur Libre Théâtre :

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Biographie d’Eugène Labiche,
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