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On peut très bien, et on doit même parfois, oublier l'homme pour apprécier pleinement son œuvre. Il n'en reste pas moins que derrière toute œuvre il y a un homme. Et c'est l'un des mérites de ce spectacle de nous le rappeler. Si nous connaissons tous plus ou moins la poésie de Baudelaire, ses écrits en prose nous sont moins familiers, et ses écrits épistolaires sont généralement méconnus. Vers la fin de sa vie, depuis son exil à Bruxelles pour échapper à ses créanciers tout en rêvant d'un retour triomphal à Paris, ces lettres à sa mère nous révèlent un homme conscient de son génie, mais profondément meurtri de ne pas le voir reconnu à sa juste valeur. Des lettres qui font étrangement écho à celles adressées par Vincent van Gogh à son frère Théo, témoignant elles aussi de façon poignante de la douloureuse frustration de l'artiste quand son œuvre, à laquelle il a consacré toute sa vie, reste ignorée voire méprisée du public. L'autre originalité de ce spectacle est de mettre en résonance les mots de Baudelaire avec les notes de Beethoven, en un dialogue intime que n'aurait pas renié le poète qui le premier célébra les correspondances entre les arts et les synesthésies. Baudelaire aimait la peinture et la musique. Il admirait Beethoven, et comme nous le suggère malicieusement Isabelle Krauss, rien n'interdit d'imaginer qu'il écrivit certains de ses poèmes en ayant à l'esprit les sonates de Beethoven. Un spectacle poétique et musical, sensuel et multi-sensoriel, porté par une comédienne habitée et par une pianiste virtuose, liées par une belle complicité. À ne pas manquer dans cette salle chaleureuse du Théâtre des Trois Raisins.

Au lendemain de leur concert à La Scala de Paris, La Scala Provence recevait hier soir NO(W) BEAUTY, un quartet de jazz franco-américain puisant son inspiration à des sources musicales très diverses. Pendant plus d'une heure, ces quatre jeunes musiciens d'exception ont charmé leur auditoire principalement avec les compositions originales de leur dernier album. Ces quatre virtuoses aux parcours impressionnants, qui se sont rencontrés dans les clubs de jazz parisiens, nous proposent avec NO(W) BEAUTY une formation soudée par une grande complicité, sans leader, et au sein de laquelle chacun compose tour à tour les morceaux qu'ils jouent ensuite ensemble. On se contentera de citer, parmi les diverses compositions au programme lors de ce concert mémorable à Avignon, un étonnant hommage à la musique baroque intitulé "Organa", un morceau très original composé par le pianiste Enzo Carniel, et relevant d'une savante fusion entre la musique classique et le jazz. Une jeune formation à suivre, donc. Merci à La Scala de nous avoir permis de la découvrir.

Katia et Marielle Labèque ouvraient hier soir avec éclat la nouvelle saison de la Scala Provence. Telles des magiciennes de contes de fées, pendant plus d'une heure, elles ont emporté leur auditoire dans un univers musical aux accents fantastiques.

Dans le cadre de la Semaine Italienne d'Avignon, le Théâtre du Chêne Noir nous proposait hier soir un spectacle de la Compagnie Teatro Picaro. C'est l'histoire d'une troupe itinérante en route pour se produire au château d'un Duc qui pourrait devenir son protecteur. Leur charrette étant tombée en panne au beau milieu d'une forêt en pleine nuit, ce sera l'occasion pour eux de retrouver l'inspiration et de répéter la nouvelle pièce qui doit relancer leur carrière.

L’Opéra du Grand Avignon parvient une nouvelle fois à nous surprendre. L’œuvre choisie pour l’ouverture de la saison était le superbe opéra de Dvorak, Rusalka, rarement représenté sur les scènes françaises. S’inspirant du conte d’Andersen, le récit met en scène une jeune sirène qui souhaite échapper à la fois à son père et à la loi de la nature, et aspire à devenir humaine afin de vivre un amour interdit avec un prince. La surprise de la mise en scène est de taille puisque l’histoire est transposée dans une piscine olympique, les sœurs de Rusalka sont des sportives en natation synchronisée et l’Esprit du Lac a des faux airs d’un entraîneur de natation bien connu. Les metteurs en scène Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil réussissent la prouesse de reconstituer une piscine sur une scène d’opéra et mêlent avec brio des vidéos d’espaces naturels souvent oppressants à d'autres mettant en valeur l’architecture spectaculaire du Stade Nautique d’Avignon. Le choix de cette adaptation n’est pas innocent. Le livret de Jaroslav Kvapil aborde de manière poignante le thème de l’oppression des femmes et singulièrement des jeunes filles.

Actualité du répertoire de Jean-Pierre Martinez

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