Lettre d’information n°23

Spéciale OFF Avignon 2017

17 juillet 2017

OFF 2017

Les textes du répertoire français sont encore à l’honneur au Festival OFF cette année avec 47 spectacles d’auteurs entrés dans le domaine public, sur les 1480 spectacles proposés. 34 pièces sont mises en scène ; les spectateurs pourront ainsi comparer différentes lectures d’une même pièce : Le Malade Imaginaire (4), Ruy Blas (3), L’Île des esclaves (3), Le Médecin malgré lui (3), Le Mariage de Figaro (2), Le Misanthrope (2), Les Fourberies de Scapin (2), George Dandin (2), On purge bébé (2)…

Comme chaque année, Molière est l’auteur le plus joué du OFF avec 19 spectacles dont 6 adaptations. Marivaux, Feydeau et Hugo sont aussi très présents dans le OFF avec 5 spectacles, puis Musset et Labiche (3 spectacles), Beaumarchais et Courteline (2 spectacles),  Corneille, Jarry et Rostand (1 spectacle).

Sur une page dédiée du site Libre Théâtre, ces spectacles sont classés par ordre alphabétique d’auteur en mentionnant le lien pour réserver directement les spectacles, le lien vers la notice sur Libre Théâtre pour en savoir plus sur la pièce et la lire intégralement, et éventuellement un lien vers la critique de Libre Théâtre. Nous avons également fait figurer les créations autour de l’œuvre ou de la vie de ces dramaturges (Molière, Racine). Lire la suite.

Nous vous proposons aussi quelques explorations en dehors du domaine public pour vous recommander des spectacles.


Textes du répertoire français recommandés dans le OFF

La Cruche

L’Envolée lyrique propose La Cruche, un texte moins connu mais plus mordant que les autres pièces de Courteline.  On rit beaucoup dans ce spectacle, qui parle d’amour et d’amitié, mais parfois avec un serrement au coeur : le personnage de Margot, la pauvre cruche maltraitée par l’odieux Lauriane, nous touche par son aveuglement.
Le metteur en scène Henri de Vasselot propose une lecture pleine de nuances de cette comédie alerte. Tout en respectant parfaitement le texte, qui reste hélas étonnamment d’actualité dans son traitement de la misogynie, il l’adapte pour quatre comédiens et l’enrichit de mélodies de Reynaldo Hahn et d’André Messager. Les quatre comédiens-chanteurs lyriques sont tous excellents, terriblement drôles et très impressionnants lorsqu’ils chantent : les quatuors vocaux, souvent a capella, sont des moments de pur bonheur. À noter aussi le décor très inventif, tenant à la fois de la maison de poupée et de la boîte à musique. Lire la suite.


Les Fourberies de Scapin, mise en scène d’Emmanuel Besnault

Il y a les mises en scène qui prennent le texte comme un prétexte, et celles qui servent le texte, en permettant de le redécouvrir encore et encore, même lorsqu’il fait partie des classiques, par une recréation totalement originale. Loin du théâtre scolaire, comme pendant la récréation après un cours un peu ennuyeux, les cinq garnements de la Troupe de l’Éternel Été réinventent le spectacle de tréteaux en enveloppant le public (parfois au sens propre) dans un tourbillon incessant d’énergie positive. Et le rire est au rendez-vous. Mais au-delà de l’apparente décontraction, il ne faut pas s’y tromper : ces jeunes gens pleins d’enthousiasme sont aussi des artistes complets. Musique, danse, mime… Ils utilisent à merveille tous les arts de la scène pour tenir leur public en haleine tout au long du spectacle. Sans oublier le décor modulaire se transformant de scène en scène pour faire voyager notre imagination. Qu’iriez-vous faire dans cette galère ? Vous amuser ! Même avec vos enfants. Car pour une fois, la galère s’amuse, en famille.
Un spectacle tout public à ne manquer sous aucun prétexte si vous êtes en Avignon. Lire la suite.


L’île des Esclaves de Marivaux par la troupe du Bon Air

La jeune compagnie du Bon Air nous  propose de découvrir ou redécouvrir ce texte drôle et touchant, portant un regard critique sur la société de son époque.
Le décor est sobre : quelques filets de pêche rappellent que nous sommes sur une île, une malle échouée évoque le récent naufrage. Les relations sociales et le renversement des rôles sont habilement symbolisés par quelques accessoires qui changent de mains : une épée, un collier, des escarpins, une bouteille, une veste… Mais Trivelin, le sage gouverneur, garde, avec son pistolet, la maîtrise des événements. Cette économie de moyens permet de mettre encore davantage en lumière la belle performance des cinq jeunes comédiens au service de la langue brillante et ciselée de Marivaux. En résumé, un spectacle enthousiasmant, à ne pas manquer, surtout pour la formidable performance de ces cinq jeunes comédiens. Lire la suite.


http://libretheatre.fr/lecole-femmes-a-avignon/L’Ecole des Femmes

Étonnant Arnolphe, Alain Bertrand, en provoquant les réactions de la salle par ses tirades outrancières contre les femmes, nous montre toute l’ironie des alexandrins de Molière, soulignant la misogynie de l’époque pour mieux la condamner. Le décor de Jean-Marie Brial symbolise avec force l’enfermement des femmes : toute l’action se déroule autour d’un portail en bois, entouré de hautes grilles, avec deux battants comportant des judas également grillagés. Un dispositif scénique offrant par ailleurs de nombreuses possibilités de jeux, les comédiens apparaissant ou disparaissant comme des marionnettes dans un décor de Guignol.

Mis en scène par le spécialiste de la Commedia dell’ Arte, Carlo Boso, ce spectacle fait aussi appel au chant et à la danse. Il exploite le côté farce de cette comédie, en soulignant l’aspect grivois du texte et en accentuant la dimension burlesque des deux valets, interprétés par Philippe Cordorniu et Christelle Garcia. Les costumes d’époque sont superbes et contribuent à véhiculer le message de la pièce quand la capuche imposée par le vieil Arnolphe à la jeune Agnès, incarnée avec grâce par Mélanie Samie, prend des allures de voile. Face à elle, Simon Lapierre est un jeune et fougueux Horace. Carlo Boso crée le rôle de la conteuse, interprétée par Cécile Boutris, qui commente au public l’action, en chansons, accompagnée de son limonaire, ou en alexandrins que l’on croirait de la plume de Molière lui-même. Des airs polyphoniques de Rameau ou Jannequin, complétés par des créations originales de l’Argentin Pedro Ochoa, sont interprétés brillamment par les comédiens et ponctuent chaque acte.
Un très beau spectacle qui met en lumière la modernité du texte de Molière. Lire la suite.


Le Cid

Toute la magie du théâtre est là :  les comédiens du Grenier de Babouchka nous donnent à entendre avec talent et naturel la superbe langue de Corneille.
Jean-Philippe Daguerre est fidèle à l’esprit original de cette pièce, en exploitant la dimension parfois comique des personnages ou des situations, tout en respectant le tragique de l’intrigue. Les comédiens, tous excellents, jouent sur toute la gamme des émotions et incarnent avec justesse ces personnages mythiques. Leur jeunesse et leur fougue nous entraînent dans ce récit épique, émaillé d’étonnants combats de cape et d’épée. Ils sont accompagnés dans cette aventure par deux musiciens interprétant une partition originale de Petr Ruzicka qui souligne discrètement l’action ou ménage des pauses. Dans un décor sobre, les superbes costumes mis en valeur par une très belle lumière donnent vie à la cour de Séville.
Ne manquez pas ce superbe spectacle ! Lire la suite.


Le Jeu de l’amour et du hasard

La mise en scène de Salomé Villiers met en lumière la modernité du texte de Marivaux, sans jamais le trahir. Elle souligne habilement la cruauté sociale de l’intrigue, tout en exploitant à merveille son potentiel comique. L’utilisation de la vidéo apporte une dimension burlesque, en ménageant des respirations dans cette pièce au rythme effréné.
Les six comédiens de la troupe (Salomé Villiers, Raphaëlle Lemann, Philippe Perrussel, Bertrand Mounier, François Nambot, Etienne Launay) restituent à la perfection la malice des personnages et la saveur des répliques de Marivaux. Lire la suite.

 


Mangeront-ils ?

Mangeront-ils est une pièce onirique de Victor Hugo, sur l’amour et la mort, mais qui porte aussi avec force un discours politique contre la tyrannie et le despotisme.
La mise en scène d’Eva Dumont rend grâce à la fois à la dimension engagée et au registre merveilleux de ce texte de Hugo méconnu. On est d’abord subjugué par l’oiseau de papier, messager surgi des ténèbres. Puis peu à peu les espaces apparaissent. Celui du cloître où se sont réfugiés les deux amoureux poursuivis par le roi, derrière un voile transparent, celui de la forêt où la végétation vénéneuse abrite la sorcière Zineb, et enfin celui du roi despote, un enfant, qui joue avec sa maison de poupée et ses figurines de bois, comme avec ses sujets. La contrainte d’un nombre de comédiens restreint devient un atout : les personnages des deux amoureux sont figurés par de superbes marionnettes, les commentaires des habitants se font dans le noir avec des jeux de lumières, la sorcière est une créature minérale envoûtante. La musique électro, au départ surprenante, contribue à renforcer l’atmosphère onirique.  Lire la suite.


Cyrano de Bergerac

Jouer Cyrano de Bergerac à deux comédiens seulement était un pari audacieux. Ce pari est gagné : le chef d’œuvre d’Edmond Rostand est interprété avec enthousiasme et émotion par deux comédiens virtuoses, Thomas Bousquet et Maryan Liver, qui signe également la mise en scène. À l’aide de quelques accessoires bien choisis, une gestuelle particulière ou une diction caractéristique, chacun des personnages est clairement identifié, ce qui permet aux deux interprètes de les incarner tous successivement sans qu’aucune confusion ne s’installe dans l’intrigue. Le cuisinier Ragueneau est symbolisé par une marmite, une grande marionnette représente Christian, le Comte De Guiche est figuré par une immense tête de carnaval… Dans cette atmosphère de théâtre de foire, l’action est menée tambour battant, et on a même droit à une joute digne d’un spectacle de cape et d’épée, avec des archets en guise de fleurets, faisant écho à toutes les autres joutes de la pièce, verbales celles-là, où les répliques cultes fusent en permanence. Quelques magnifiques créations originales constituent le décor : une malle qui se transforme en roulotte, un orgue de barbarie de la taille d’un accordéon… Les jeux d’ombre et de lumière, signés par Gillain Duda, installent une atmosphère de féerie. Enfin, la musique de Mathieu Scala accentue la dimension poétique de cette inoubliable comédie héroïque. L’ingéniosité de la mise en scène parvient donc à nous faire accepter la convention théâtrale. La puissance du texte poignant de Rostand fait le reste. À la fin de l’envoi, ce Cyrano nous touche. On sort de la salle encore ému, pleurant son malheur, mais lui enviant son panache. Lire la suite.


L’Ecole des Maris par la Compagnie Tortue Théâtre

L’Ecole des Maris est l’une des premières pièces de Molière, annonciatrice de ses plus grandes comédies. Deux frères ont la responsabilité de deux jeunes orphelines : Ariste laisse une très grande liberté à Léonor et, malgré son grand âge, gagne ainsi son amour, tandis que Sganarelle, jaloux, brutal et tyrannique, tient recluse Isabelle qui va multiplier les subterfuges pour pouvoir épouser celui qu’elle aime, Valère.Avec une belle énergie, les quatre comédiens de la compagnie Tortue Théâtre utilisent tous les codes de la commedia dell’arte au service de cette intrigue : masques, pantomime, chant… Ils sont accompagnés par une accordéoniste qui interprète diverses œuvres de Vivaldi s’accordant à la perfection avec les humeurs des personnages.Un spectacle drôle et réjouissant qui permet de découvrir ou redécouvrir une œuvre de Molière rarement représentée. Lire la suite.


Spectacles contemporains

Garden Party par la Compagnie numéro 8

Sadisme, partouze, scatologie… La Compagnie n°8 nous convie au Théâtre de l’Oulle à un spectacle débridé, très culotté, et parfois même déculotté. Pourtant, aucune outrance gratuite dans ce show burlesque dans l’esprit des Monty Python, et nulle provocation un peu convenue comme on en voit parfois à Avignon dans le In. Au-delà d’une satire féroce de l’aristocratie (ou de la bourgeoisie qui cherche à la singer), c’est finalement l’ensemble de nos codes sociaux qui est dynamité par cette levée de tous les tabous en un déferlement libérateur provoquant chez les spectateurs (vivant comme nous tous sous la dictature des règles du savoir-vivre) un effet cathartique. Le charme discret de la vie aristocratique est dépeint ici en une succession de tableaux mettant en scène des personnages grimaçants, s’exprimant par des borborygmes et mimant une existence absurde. Derrière les convenances de la vie mondaine, ce dérapage incontrôlé (mais parfaitement interprété) des bonnes manières nous laisse entrevoir l’hypocrisie et la cruauté des rapports humains en général. Afin de ménager la surprise, on ne dévoilera pas les dispositifs scéniques absolument hilarants et totalement délirants qui ponctuent cette proposition théâtrale très originale, tenant aussi du cirque, de l’opéra et de la danse. Un spectacle puisant à la source même du comique, déconseillé aux adultes de bonne famille et surtout à leurs enfants. Mais fortement recommandé par Libre Théâtre à tous les autres. Car le théâtre, justement, c’est d’abord la liberté de représenter en toute impunité sur la scène une vérité qui n’est pas bonne à dire ailleurs. Lire la suite.


Gueule d’amour, Gainsbourg for ever

Raconter au théâtre, en une heure environ, la vie d’un personnage aussi mythique que Serge Gainsbourg était un défi. Mise en scène par François Cracosky, sur un texte dont elle est l’auteur, Myriam Grélard réussit ce pari en incarnant tour à tour toutes les femmes qui ont participé à la construction de l’homme et du mythe Gainsbourg : sa mère, sa sœur jumelle, sa fille, ses amours, ses compagnes, ses interprètes… Aucune volonté cependant d’imiter en les caricaturant tous ces personnages, mais une évocation discrète, pudique et émouvante des relations féminines qui firent peu à peu de Lucien Ginsburg l’icône Serge Gainsbourg. En racontant, en mimant, parfois même en chantant la vie de cet homme complexe et de cet artiste hors norme, Myriam Grélard, par son immense talent de comédienne, et François Cracosky, par l’élégance de sa mise en scène, nous offrent un grand moment de théâtre. Au-delà de l’histoire, que tout le monde connaît déjà plus ou moins, c’est bien ce spectacle qui nous émeut jusqu’aux larmes par une interprétation à fleur de peau. Lire la suite.


L’hiver, quatre chiens mordent mes pieds et mes mains de Philippe Dorin

Deux personnages en quête d’auteur miment une vie qui pourrait être la leur, dans un monde déserté par les hommes, les choses et le sens. Tels Adam et Ève en un paradis perdu, ces clochards célestes tentent au sens propre de meubler leur absurde solitude pour échapper à un stérile tête-à-tête. Mais dans un couple, les rêves de l’un ne rencontrent pas toujours ceux de l’autre. À moins que le désir d’être des enfants à venir, par la seule force de l’imagination, ne pousse les amants à fonder une famille qu’il faudra encore apprivoiser pour la rendre réelle…
La mise en scène de Bertrand Fournier offre un superbe écrin au texte de Philippe Dorin. Le spectateur est d’abord conquis par l’esthétique du décor et des costumes, par les jeux d’ombre et de lumière. Il est ensuite émerveillé par la création sonore qui l’enveloppe peu à peu. Vient enfin l’émotion quand les deux parents qui s’ignorent (Denis Monjanel et Sandrine Monceau) rencontrent leurs futurs enfants (Sacha Menez-Allanic, Angèle Chédotal, Julian Le Moigne, Noémie Filoche, Titouan Olivier, Philomène Hulot en alternance).
Un spectacle poétique et musical aux multiples niveaux de lecture, qui enchantera tous ceux qui ont gardé leur âme d’enfant. Lire la suite.


Le Masque et l’oubli de Christian Couture

Au prétexte de ménager, comme en Espagne, une transition démocratique après la dictature, fallait-il au Chili absoudre de ses crimes la junte de Pinochet ? Où s’arrête le compromis pour devenir compromission puis collaboration ? Du réalisme politique au cynisme opportuniste, il n’y a hélas qu’un pas. Pinochet est mort dans son lit. Et les innombrables victimes de son régime resteront à jamais privées de justice, succombant à cette deuxième mort qu’est l’oubli, alors que les bourreaux d’hier ont troqué leurs cagoules pour le masque obscène de la respectabilité. En raison de ce déni, les fantômes des disparus hanteront à jamais la conscience chilienne. À travers le destin singulier de trois personnages emblématiques, c’est cette page sombre de l’histoire du Chili que nous fait revivre de façon poignante ce spectacle, dont on ne ressort pas indemne.Lire la suite.


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