Le Club champenois d’Eugène Labiche

A-propos en un acte d’Eugène Labiche et Auguste Lefranc, représenté pour la première fois, à Paris, sur le théâtre du Montasier (Palais-Royal), le 8 juin 1848. Publiée en 1848.
Distribution :  6 hommes, 1 femme et des figurants.
Texte intégral à télécharger gratuitement sur Libre Théâtre

L’argument

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b8421918q
Levassor (qui a créé le rôle de Cassagnol), par F. Elias. Source : Bnf/Gallica

Juste après la Révolution de Février 1848, un maire de campagne, Pontcharrat, est sommé par le nouveau régime d’organiser dans sa commune un club démocratique. Pontcharrat prépare également le mariage de sa nièce Henriette à Gindinet, l’instituteur. Mais Henriette aime son cousin Cassagnol, un comédien, et le fait venir d’urgence. La réunion du club démocratique et la présentation des futurs candidats aux élections va donner l’occasion à Cassagnol de montrer ses talents en interprétant successivement Jean-Louis, dit le Corinthien, un ouvrier, puis le citoyen Grand-Bagout, un économiste et enfin, l’illustre général Chauvinancourt.


Un extrait

Grand-Bagout.
Citoyens, j’ai pour habitude d’aborder de front les questions. On me demande mon opinion sur la suppression des bonnets à poil et sur le divorce. Je répondrai que l’agriculture est la plus noble des professions… Si j’arrive à la Chambre, je me ferai le représentant de la race ovine, bovine et chevaline. Je crois avoir suffisamment répondu à l’interpellation qui m’était adressée.

Crétinot.
Permettez, vous avez répondu… pour les bonnets à poil !… mais pas pour le divorce.

Tous.
C’est vrai, c’est vrai !

Grand-Bagout.
Je vais répondre. Citoyens ! la marine mérite tout notre intérêt. Je voterai pour un président. Vive l’agriculture !

Crétinot.
Voilà ce que je voulais lui faire dire… très bien ! très bien !

Grand-Bagout.
Citoyens, j’ai pour habitude d’aborder de front les questions. On me demande mon opinion sur la suppression des bonnets à poil et sur le divorce. Je répondrai que l’agriculture est la plus noble des professions… Si j’arrive à la Chambre, je me ferai le représentant de la race ovine, bovine et chevaline. Je crois avoir suffisamment répondu à l’interpellation qui m’était adressée.

Crétinot.
Permettez, vous avez répondu… pour les bonnets à poil !… mais pas pour le divorce.

Tous.
C’est vrai, c’est vrai !

Grand-Bagout.
Je vais répondre. Citoyens ! la marine mérite tout notre intérêt. Je voterai pour un président. Vive l’agriculture !

Crétinot.
Voilà ce que je voulais lui faire dire… très bien ! très bien !

Pontcharrat.
Autre question. Etes-vous républicain ?

Grand-Bagoutavec vigueur.
Qu’on m’enlève l’épiderme…

Pontcharrat.
Non, je vous demande si vous êtes républicain.

Grand-Bagout.
Eh bien ?… (Reprenant.) Qu’on m’enlève l’épiderme et sous cette peau de républicain palpitera toujours une chair républicaine !
On applaudit avec chaleur.

Pontcharratlisant un papier.
Question communiquée. On demande la profession du candidat.

Grand-Bagout.
J’ai quarante ans et je suis chauve.

Pontcharrat.
Votre profession ?

Grand-Bagout.
Ah ! équilibriste.

Pontcharrat.
Comment ?

Grand-Bagout.
J’ai consacré ma vie à l’équilibre des intérêts sociaux.

Pontcharratbas à Crétinot.
Socialiste.

Grand-Bagoutcontinuant.
J’ai consacré ma vie au triomphe de cette formule : l’homme doit vivre en se reposant. Je pose donc un principe : celui qui travaille…

Premier Paysan.
Est un feignant.

Grand-Bagout.
Vous rendez parfaitement ma pensée.

Second Paysan.
Ah çà ! si personne ne travaille, qui est-ce qui labourera la terre ?

Grand-Bagout.
J’attendais cet argument. Nous aurons des machines.

Troisième Paysan.
Et pour les vendanges ?

Grand-Bagout.
Des machines.

Une Paysanne.
Et pour les enfants ?

Deuxième Paysan.
Et qu’est-ce qui fera les machines ?

Grand-Bagout.
D’autres machines. La terre ne sera plus qu’une grande famille de machines qui s’engendreront les unes par les autres et de cette façon… je serai très clair. (Avec volubilité.) En combinant les divers éléments de la production régénérés par les bienfaits de l’association et fonctionnant sous la pression permanente de l’État dont l’impulsion vivifiée par la solidarité garantielle se rattache si essentiellement aux intérêts de l’agriculture, nous touchons à la solution du grand problème…

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