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Giacomo Puccini s'est inspiré de la pièce de théâtre "Tosca" de Victorien Sardou, écrite à l’intention de la grande tragédienne Sarah Bernhardt, pour donner naissance à un véritable chef-d'œuvre musical et dramatique. L’opéra en trois actes a été créé pour la première fois en 1900 à Rome, où se déroule également l'intrigue, transportant les spectateurs dans l'Italie tumultueuse du début du XIXe siècle. Au cœur de l'histoire, Floria Tosca, une célèbre chanteuse d'opéra, est amoureuse du peintre et révolutionnaire Mario Cavaradossi. Leur amour est mis à l'épreuve lorsque l'impitoyable chef de police Scarpia entre en scène, déclenchant une série d'événements tragiques. La version présentée à l’Opéra Grand Avignon en coproduction avec Theater Trier, portée par une équipe remarquable, a indéniablement su captiver et émouvoir les spectateurs, entraînés dans cette intrigue tourmentée, mêlant amour et trahison. Barbara Haveman, une soprano qui a déjà interprété le rôle de Tosca à plusieurs reprises, brille par sa maîtrise vocale, puissante et passionnée, puis douce et vulnérable. Face à elle, André Heyboer, interprétant le sinistre Scarpia, incarne avec un grand réalisme ce personnage maléfique, sa voix résonnant avec une autorité diabolique à chaque apparition. Cependant, c’est la voix veloutée et expressive de Sébastien Guèze, ardent et touchant Mario Cavaradossi, qui a déchaîné l’enthousiasme du public. Son interprétation poignante de « E lucevan le stelle » restera dans les mémoires. À leur côté, le choeur et la maîtrise de l’Opéra Grand Avignon amplifiaient l’intensité des scènes dans lesquelles ils apparaissent, que ce soit pour célébrer une messe, fêter une victoire ou pour exprimer le désespoir face à l'irrémédiable tragédie. L'impact émotionnel de "Tosca", toutefois, ne repose pas seulement sur les performances vocales des chanteurs, mais également sur la richesse orchestrale de cet opéra. Sous la direction experte de Federico Santi, l'orchestre Avignon-Provence a offert une interprétation magistrale de la partition, mettant en évidence le sens inné de la dramaturgie de Puccini, qui utilise habilement les différentes sections de l'orchestre pour renforcer l'intensité émotionnelle de chacune des scènes. La magie de Tosca a une nouvelle fois opéré : cette œuvre intemporelle a conquis le public avignonnais, ébloui, qui a longtemps ovationné les artistes.

Une Fée, promise à Merlin l'Enchanteur, tombe amoureuse d'Arlequin, un jeune homme aussi beau que niais, qu’elle enlève. Elle échouera à déniaiser cet éphèbe, et c'est une simple bergère qui fera son éducation, l'esprit semblant aussi chez les hommes venir avec l'amour. Par un ultime stratagème, Arlequin s'emparera des pouvoirs magiques de la Fée et finalement, le jeune captif et la bergère deviendront roi et reine. Marivaux nous livre avec cette comédie assez peu jouée une nouvelle réflexion sur la genèse du sentiment amoureux et sur les tempêtes qu'il peut déclencher, la sincérité finissant toujours par l'emporter sur le cynisme, bien sûr. Sans oublier, avec cette allusion à un possible renversement du pouvoir, un discret message pré-révolutionnaire. Thomas Jolly s'empare de ce marivaudage féérique pour en faire un cabaret fantastique, jouant avec merveille de tous les artifices du théâtre. Les cinq comédiens incarnent leurs personnages avec une belle énergie et un grand talent. On assiste à un spectacle complet, donnant toutefois parfaitement à entendre les mots et le propos de Marivaux. On en sort avec des étoiles dans les yeux. Un coup de cœur de Libre Théâtre.

La Compagnie toulonnaise Hors Surface proposait en accès libre le 13 mars sur la grande scène de La Scala Provence une sortie de résidence, étape de travail pour la création de son spectacle « Face aux murs », mêlant acrobatie et poésie visuelle au service d’un propos résumé dans le titre : la difficulté des hommes à s’inscrire dans une société où l’exclusion du plus grand nombre est devenue la règle. À partir de deux trampolines disposés de part et d’autre d’une cage centrale, jouant avec les trois dimensions pour en ajouter d’autres jusqu’à nous faire perdre la notion de l’espace, du temps et tout simplement du réel (ce que l’on voit en double, ce que l’on ne voit qu’à moitié, ce que l’on ne voit pas du tout), ces voltigeurs de l’extrême ont offert au public avignonnais, venu en nombre et en famille, un spectacle d’une incroyable intensité. Avec un engagement total et une grande générosité. Merci à eux, et merci à La Scala Provence pour ce cadeau. Au vu de la qualité de cette étape de travail, on a hâte de voir le spectacle abouti lorsqu’il sera proposé au public dans quelques mois. À ne manquer sous aucun prétexte. Déjà un coup de cœur de Libre Théâtre. Critique de Jean-Pierre Martinez

Les heureux spectateurs présents à l’Opéra Grand Avignon le 10 mars 2024 se rappelleront longtemps l’émotion ressentie lors de la représentation d’Atys. Nul doute qu'ils auront aussi conscience d’avoir vécu un moment historique, avec la renaissance de ce chef d’œuvre, interprété par des artistes d’exception. C’est en effet à Avignon qu’a été révélée pour la première fois cette nouvelle version d’Atys, fruit de nombreuses années de recherches et d’études musicologiques, sous la direction musicale d’Alexis Kossenko, réunissant Les Ambassadeurs ~ La Grande Ecurie et le Centre de musique baroque de Versailles.

On connaît la célèbre tirade de Perdican dans "On ne badine pas avec l'amour" de Musset, par laquelle le jeune homme prétend convaincre sa bien-aimée de renoncer à entrer au couvent, et de prendre malgré tout le risque de vivre, en pariant sur la possibilité d'un amour pur sur une Terre décrite comme un cloaque. C'est l'une des plus belles et des plus tragiques odes à la vie, et c'est aussi le propos de cette pièce poignante écrite et mise en scène par Cliff Paillé : un hommage à cette jeunesse d'aujourd'hui qui, entre pessimisme absolu et totale insouciance, a le courage de choisir la vie, dans un monde semblant plus que jamais courir à sa perte.

Actualité du répertoire de Jean-Pierre Martinez

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